Réhabiliter l’épaule du lanceur

Que l’on parle de réhabiliter l’épaule du lanceur ou que l’on cherche à faire de la prévention, l’épaule du lanceur a besoin de beaucoup d’amour. Aime ton épaule et, espérons-le, elle t’aimera en retour.

Si tu veux qu’elle t’aime en retour, tu vas devoir lui donner l’amour qu’elle mérite, tu sais.

Peut-être en:

• Faisant de fréquents gestes réfléchis;
• Assurant une bonne communication;
• Passant du temps de qualité ensemble;
• Variant le type d’activités que vous aimez et dont vous bénéficiez tous les deux
• Restant engagé; 
• Portant attention aux détails, etc.

Ouais, cette rehab d’épaule est une histoire d’amour.

Mais soyons sérieux. L’essentiel est qu’une fois de plus, réhabiliter l’épaule du lanceur tient à plus qu’un travail de rotation externe! Il faut une approche bien équilibrée.

Lorsque l’on examine les exigences de l’épaule du lanceur, il existe plusieurs composantes:

Accélération – Isométrique and Concentrique

Décélération – Excentrique

Et le dernier mais non le moindre, le timing!

Cependant, nous voyons généralement 2 choses dans les protocoles de réadaptation: la réadaptation axée uniquement sur la coiffe des rotateurs et la réadaptation qui s’arrête à isoler la coiffe des rotateurs avec des exercices de rotation externe concentriques.

Maintenant, pourquoi est-ce mauvais, ou à tout le moins, sous-optimal? D’une part, les meilleurs du métier utilisent leurs gros muscles pour faire de gros travaux, ce qui signifie … pas seulement la coiffe. Deuxièmement, la plupart du travail acharné de la coiffe des rotateurs est excentrique. Et troisièmement, le timing est primordial.

Ne vous méprenez pas, la coiffe des rotateurs est extrêmement importante. Elle doit avoir une force suffisante pour faire son travail correctement. Mais quel est son travail? C’est de garder la tête humérale centrée dans la glène. Elle doit travailler fort pour «maintenir la balle de golf sur le tee».

Les exercices de rotation externe concentrique aident-ils à accomplir cette tâche? Tel que mentionné précédemment, la coiffe a besoin d’une force suffisante pour fonctionner correctement. Très souvent, au début, nous allons devoir réactiver une coiffe qui est inhibée ou simplement faible. Cela fait partie d’un plan solide. Cependant, un plan solide ne s’arrête pas là, en particulier pour les athlètes qui entreprennent des activités qui nécessitent des exigences plus élevées que les personnes qui sont simplement heureuses de ne pas avoir mal en prenant les assiettes pour servir le dîner.

Il y a un écart important entre les deux, et nous devons combler cet écart.

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Une analogie de la coiffe des rotateurs

Un rôle important de la coiffe est de ralentir la puissante rotation interne et adduction horizontale du bras . Par exemple, le petit rond, qui est une source fréquente de sensibilité isolée chez les lanceurs, présente une activité maximale (84% MVIC) pendant la décéleration (1)et la plupart des déchirures de la coiffe des rotateurs sont localisées au milieu du supra-épineux postérieur au milieu de l’infra-épineux en conséquence de rupture de traction (2).

C’est assez simple. Plus on accélère, plus on doit décélérer 

Pour les joueurs de baseball qui effectuent le mouvement le plus rapide de tous les sports en déplaçant leur épaule aussi vite que 7000 °/s, on peut comprendre qu’il y a une force importante à absorber. En fait, elle a été mesuré jusqu’à 1,5 fois le poids corporel ou environ 1090N (3).

Cela signifie qu’un autre rôle important de la coiffe des rotateurs est de prévenir la distraction et la subluxation antérieure.

Ce concept qui consiste non seulement à développer la force, mais aussi à l’absorber fonctionne comme conduire une voiture. Nous avons autant besoin de la pédale d’accélérateur que des freins. Si on ne travaille que sur la force concentrique, c’est comme avoir une Ferrari sans freins! Ça n’a aucun sens.

Si nous avons une Ferrari sans freins, nous avons deux options. L’option la plus sûre est d’aller à une vitesse que nous pouvons gérer. Par conséquent, nous nous déplacerons plus lentement car notre corps va se protéger à tout prix. L’autre option est d’écraser notre voiture; nous nous déchirons quelque chose parce que nous n’avons pas la capacité physique de ralentir le mouvement.

Laissons les gros gars faire le gros boulot

La chose importante à comprendre est que 1090N est probablement trop pour la coiffe à gérer à elle seule. La coiffe est composée de petits muscles. Des muscles importants, mais petits. Accepter cette quantité de force est un gros travail. Utiliser les petits muscles pour faire un gros travail … cela va être plus éprouvant / stressant et pas vraiment durable.

J’aime toujours la référence du Seigneur des Anneaux pour celle-là: «partager la charge»! Laissons les gros faire le gros boulot!

Lorsque nous parlons des gros gars, nous parlons du grand dorsal, du grand rond, du trapèze inférieur et du biceps brachii. Les meilleurs lanceurs ont rarement de la douleur principalement à l’épaule ou au coude. La plupart du temps, c’est le grand dorsal qui prend le coup, et c’est en fait une excellente nouvelle. Le grand dorsal est le plus gros muscle du haut du corps et est fortement impliqué à la fois dans l’accélération et la décélération. Il n’est pas surprenant que les joueurs professionnels utilisent leurs lats deux fois plus que les joueurs amateurs. Ils laissent les gros muscles faire les gros travaux, ils sont donc plus efficaces.

Le grand rond est le “bébé lats” alors, tu peux imaginer qu’il sera impliqué de la même manière que ce dernier.

Les fibres inférieures du trapèze enregistrent leur activité la plus élevée dans la phase de décélération pour contrôler la protraction et la rotation vers le haut pendant le lancer.

Le biceps brachial a un rôle important, celui de ralentir l’extension du coude. Cela évite les problèmes de coude tels que la formation d’ostéophytes par hyperextension du coude.

Cependant, le biceps brachial peut devenir hyperactif pour prendre en charge le travail de la coiffe de stabilisation antérieure de l’épaule. Cela pourrait être un signe d’instabilité de l’épaule et est non seulement inefficace (4), mais peut également être problématique à long terme.

Travailler de manière excentrique sur ces gros muscles est une grande partie de la construction de l’épaule à l’épreuve des balles que nous voulons.

Des exercices tels que le self-flip and catch et le partner reverse throw vont spécifiquement augmenter la demande sur la coiffe et les muscles scapulaires, ainsi que sur les lats/grand rond.

ASSURE-TOI DE REGARDER LA VIDÉO PRINCIPALE DE L’ARTICLE POUR VOIR COMMENT CES EXERCICES SONT RÉALISÉS

Prendre des cours de conduite

C’est un bon début pour avoir un moteur puissant dans une voiture à l’épreuve des balles qui a de bons freins. Cependant, on doit savoir conduire la voiture. Les cours de conduite pour l’épaule impliqueront le timing!

La coiffe doit réagir à de nombreux mouvements, petits et grands, pour «maintenir la balle de golf sur le tee». Cela demande de la précision. Imagine-la comme les muscles oculaires, qui doivent effectuer des mouvements très précis. Il s’agit d’appliquer la bonne quantité de force, au bon endroit, au bon moment en réponse à un stimulus donné.

L’environnement sportif peut être très chaotique, comme en boxe pour frapper ou en judo pour lancer et attraper un adversaire, ce qui fait de la composante réactive un facteur important à considérer en réadaptation.

Lancer quelque chose avec une intensité plus faible d’une manière «semblable mais différente» est une excellente introduction aux forces de distraction et au timing qui va avec. C’est comme la première leçon de conduite, cela nous «mouille les pieds» et nous aide à gagner en confiance.

L’exercice de medball push est un excellent moyen de progresser vers les forces de distraction et le timing. Lorsque le medball est relâché, la coiffe doit réagir de manière appropriée afin de servir de ventouse pour maintenir la tête humérale dans la glène.

La coiffe des rotateurs est extrêmement importante, et si les exercices en isolation font partie d’un plan solide, le plan ne peut pas s’arrêter là. Les petits muscles précis de la coiffe doivent être entraînés de cette façon, en gardant à l’esprit le timing. Ils doivent également travailler avec les gros muscles qui font les gros travaux. Partager la charge.

Réhabiliter l’épaule du lanceur nécessite un plan qui consiste à s’assurer de la force concentrique et isométrique suffisante de la coiffe, à travailler sur la synchronisation et à renforcer la capacité excentrique.

Et n’oubliez pas que c’est une histoire d’amour.

Références

1. Escamilla RF, Andrews JR. Shoulder muscle recruitment patterns and related biomechanics during upper extremity sports. Sports Med Auckl NZ. 2009;39(7):569-590. doi:10.2165/00007256-200939070-00004
2. Andrews JR, Angelo RL. Shoulder arthroscopy for the throwing athlete. Tech Orthop. 1988;3(1):75-82.
3. Fleisig GS, Andrews JR, Dillman CJ, Escamilla RF. Kinetics of baseball pitching with implications about injury mechanisms. Am J Sports Med. 1995;23(2):233-239. doi:10.1177/036354659502300218
4. Gowan ID, Jobe FW, Tibone JE, Perry J, Moynes DR. A comparative electromyographic analysis of the shoulder during pitching. Professional versus amateur pitchers. Am J Sports

Marc-Antoine Bérubé

en collaboration avec Mai-Linh Dovan M.SC., CAT(C)

Marc-Antoine est impliqué dans le baseball depuis de nombreuses années. Il a joué au sein de la structure de Baseball Québec, au Northeastern Oklahoma A&M College et à l’Université de Pittsburgh. En 2015, il a été sélectionné dans le repêchage de la MLB par les Oakland Athletics. Depuis sa retraite, Marc-Antoine transmet sa passion aux jeunes espoirs en tant qu’entraîneur des lanceurs de l’Académie Baseball Canada.