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Impact de la mobilité sur les entorses hautes de la cheville

Les exercices de mobilité de la cheville sont devenus populaires dans le monde de l’entraînement au cours des dernières années. En tant que thérapeute du sport, j’ai beaucoup travaillé avec le football, le rugby, le hockey sur gazon et divers autres sports de terrain et je peux dire en toute sécurité qu’une diminution de la mobilité de la cheville peut contribuer aux limitations fonctionnelles et athlétiques et constitue un élément important de tout programme de réadaptation ou de prévention des blessures.

Oui, oui, je viens de dire la prévention des blessures et cela pourrait vous rendre anxieux. Et si j’appelais cela diminuer le risque de blessure ? Parce que c’est essentiellement ça le point.

L’idée de la prévention des blessures, en particulier pour les blessures traumatiques des membres inférieurs telles que les entorses de la cheville, est souvent un sujet de débat. Cependant, alors que les blessures traumatiques et les accidents font partie du risque de la pratique sportive, les mécanismes sans contact, la surutilisation et les microtraumatismes sont également susceptibles d’entraîner des blessures. Par exemple, un mécanisme fréquent de blessure de la cheville dans le football implique de planter le pied alors que le corps fait une rotation dans la direction opposée, comme lors d’une décélération et/ou d’un changement de direction.

La prévention des blessures est un terme qui fait référence à la mise en œuvre d’une structure et de stratégies qui réduisent le risque, l’occurrence et la gravité des blessures. Fondamentalement, l’amplitude de mouvement, le contrôle moteur et la force jouent un rôle dans la prévention des blessures car ils offrent aux athlètes la capacité d’absorber, de répartir et de transférer les forces le long de la chaîne cinétique.

Voyons pourquoi la mobilité en rotation de la cheville joue un rôle dans la prévention des entorses de la cheville et comment l’améliorer de façon spécifique.

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ENTORSES HAUTES DE LA CHEVILLE – COMMENT SE PRODUISENT-ELLES ?

Les entorses hautes de la cheville, ou entorses syndesmotiques de la cheville, sont moins fréquentes que les entorses latérales, mais selon Prentice, elles sont plus fréquentes qu’on ne le pensait par le passé (1). Ce type d’entorse de la cheville se produit avec une rotation externe excessive ou une dorsiflexion forcée, menant à une blessure qui se fait parfois en conjonction avec les blessures de ligaments médians de la cheville.

La rotation externe semble contribuer le plus aux lésions de syndesmose en élargissant la mortaise de la cheville (2), une articulation en charnière formée par le tibia et le péroné :

mortaise de la cheville

Le talus se situe entre les malléoles médiale et latérale et ne tourne normalement pas sensiblement. Cependant, avec une force de rotation externe suffisamment importante à l’avant-pied, le talus est forcé de faire un rotation latérale, ce qui pousse le péroné vers l’extérieur, l’éloignant du tibia et entraînant une torsion de la cheville.

En milieu sportif, cela peut se produire lors d’une décélération et/ou d’un changement de direction, deux mouvements au cours desquels la cheville doit absorber la rotation externe.  Bien que cela prend plus que des forces de décélération pour occasionner une entorse haute de la cheville, nous verrons comment la mobilité joue un role dans l’absorption de ces forces de torsion.

 

decelerartion

 

EN QUOI LA MOBILITÉ DE LA CHEVILLE JOUE-T-ELLE UN RÔLE ?

La biomécanique complexe du pied et de la cheville est celle de mouvements multiaxiaux se produisant simultanément. Le complexe du pied et de la cheville est le premier point de contact qui agit pour dissiper les forces externes et absorber les forces de réaction au sol, générer des forces pour la propulsion et fournir une plate-forme stable pour la transition entre l’absorption et la propulsion.

Lorsqu’un athlète décélère ou change de direction, la force de rotation externe créée au niveau de la cheville est absorbée via la dorsiflexion, l’abduction et l’éversion, ou ce que nous appelons communément la pronation.

À l’entraînement, nous avons tendance à nous concentrer sur la prévention ou le contrôle de la pronation excessive, car elle est associée à une augmentation du valgus du genou pour les mouvements comme les squats, les fentes, etc. Mais souvenez-vous que, 

 

le manque de mobilité n’est pas la stabilité

 

Dans un environnement sportif dynamique, si le complexe pied-cheville est rigide et ne peut pas faire de pronation, cela impacte la capacité d’absorption des forces de torsion. Du point de vue de la prévention des blessures, il est impératif de restaurer et de maintenir la mobilité naturelle du complexe du pied et de la cheville, car il agit comme un mécanisme de dissipation de torsion pour les mouvements couramment rencontrés dans le sport.

Des études suggèrent même que cette mobilité rotative naturelle du complexe du pied et de la cheville devrait être prise en compte dans l’étude des chaussures et des orthèses plantaires, comme dans l’utilisation de chaussures rigides ou flexibles dans le football (3, 4).

RESTAURER LA MOBILITÉ SPÉCIFIQUE DE LA CHEVILLE

Avant d’entrer dans ma stratégie pour restaurer la mobilité spécifique de la cheville, je veux commencer par dire qu’à moins que vous ne travailliez avec un athlète après une blessure ou une immobilisation, vous ne devriez pas vous attendre à des changements exceptionnels dans la mobilité de la cheville.

 

Il n’y a pas de consensus sur ce qu’est la « meilleure » quantité de mobilité, et différents athlètes avec différents niveaux de mobilité géreront simplement les tâches d’atterrissage et de décélération en conséquence

 

Cependant, une blessure antérieure peut créer des restrictions et des déséquilibres d’un côté à l’autre, ce qui est vraiment ce que vous recherchez dans votre évaluation et ce que vous cherchez à améliorer.

Cela étant dit, alors que les exercices de mobilité de la cheville les plus populaires ont tendance à se concentrer sur la dorsiflexion, ce n’est qu’un des mouvements impliqués dans la capacité d’absorption du complexe du pied et de la cheville.

Tel qu’indiqué précédemment dans cet article, la cheville absorbe les forces de torsion via la dorsiflexion, l’abduction et l’éversion. Encore une fois, ce sont des mouvements multiaxiaux se produisant simultanément, pas dans un seul plan. Ceci devrait être pris en considération dans le choix des exercices d’auto-mobilisation.

Dans la séquence Mobilisation de votre intervention, votre objectif est de créer de l’espace. Avec une cheville restreinte, un bon point de départ est une distraction avec une bande, qui servira à augmenter la mobilité globale. Je fais mobiliser pendant 1 à 2 minutes avec une traction modérée à forte, soit en créant une oscillation en se déplaçant d’avant en arrière, soit en maintenant la position en distraction :

On peut ensuite enchaîner avec une mobilisation avec mouvement, en utilisant une cale pour mobiliser spécifiquement en dorsiflexion, abduction et éversion. La bande aide à mobiliser le talus dans une direction postéro-médiale et l’utilisation de la cale augmente l’abduction et l’éversion. Pour cet exercice, je fais mobiliser l’athlète en dorsiflexion, avec des degrés variables de rotation interne tibiale (en déplaçant progressivement le genou vers le gros orteil) pendant 1 à 2 min :

ASSUREZ-VOUS DE REGARDER LA VIDÉO PRINCIPALE DE CET ARTICLE POUR EN SAVOIR PLUS SUR CES EXERCICES

 

QUOI D’AUTRE?

À vrai dire, même des exercices de mobilisation spécifiques n’auront pas beaucoup d’impact si vous n’intégrez pas des stratégies avec charges pour restaurer les exigences fonctionnelles d’absorption, de propulsion et de stabilité.

Indice : ces stratégies feront l’objet d’un prochain article.

Cela dit, l’une des choses les plus importantes que nous faisons après avoir augmenté l’amplitude de mouvement de la cheville est de travailler sur le contrôle sensorimoteur. En plus d’absorber, de répartir et de transférer les forces, la cheville doit réagir aux surfaces inégales et/ou au centre de masse se déplaçant à l’extérieur de la base d’appui.

Cela signifie que la cheville a besoin de bonnes capacités proprioceptives et d’un seuil très bas pour détecter les mouvements passifs afin de pouvoir réagir aux moments d’inversion et d’éversion rapides et imprévus.

Malheureusement, se tenir debout sur un BOSU n’entraîne que des moments d’inversion et d’éversion lents et anticipés.

Dans l’environnement sportif dynamique, des demandes sont placées sur le système proprioceptif, visuel et vestibulaire dans une distribution inégale et en constante évolution. L’activation du système visuel et vestibulaire est la clé de la séquence d’activation.

J’en discute aussi longuement dans mon article : Entorses de la cheville – 3 exercices de réadaptation clés, alors assurez-vous de lire cela.

 

AVANT DE PARTIR… IL Y A PLUS

Ce n’est pas parce que vous avez restauré l’amplitude de mouvement et le contrôle sensorimoteur que vos athlètes sont prêts à retourner au jeu. Chaque fois que nous augmentons l’amplitude de mouvement, nous devons mettre sous contrainte l’articulation en toute sécurité pour garantir que cette amplitude est exploitée.

 

Améliorer l’amplitude de mouvement sans l’exploiter laisse la moitié du travail inachevé

 

Trop souvent, les exercices de réadaptation conventionnels ne parviennent pas à reproduire les exigences de force réelles qui seront imposées à la cheville dans un environnement sportif dynamique. Nous devons préparer la cheville pour réellement absorber et tolérer la charge. Après tout, pendant la course, il a été démontré que la force de réaction au sol augmente à plus de 2,5 fois le poids corporel.

Cela nécessite une spécificité en ce qui concerne COMMENT les charges sont absorbées, distribuées et transférées le long de la chaîne cinétique. Parce que les tissus et les structures qui n’ont pas été soumis à des niveaux de stress similaires à ceux rencontrés lors de situations spécifiques au sport sont plus à risque de blessure (ou de nouvelle blessure).

Vous avez hâte d’en savoir plus ? Assurez-vous de garder un œil sur le blog pour notre prochain article à ce sujet!

 

RÉFÉRENCES

(1) Prentice, William E.. Rehabilitation Techniques for Sports Medicine and Athletic Training (p. 1764). SLACK Incorporated. Kindle Edition.

(2) Norkus, S. A., & Floyd, R. T. (2001). The anatomy and mechanisms of syndesmotic ankle sprains. Journal of athletic training, 36(1), 68–73.

(3) Button, K. D., Braman, J. E., Davison, M. A., Wei, F., Schaeffer, M. C., & Haut, R. C. (2015). Rotational stiffness of American football shoes affects ankle biomechanics and injury severity. Journal of biomechanical engineering, 137(6), 061004. https://doi.org/10.1115/1.4029979

(4) Lundberg, A., Svensson, O. K., Bylund, C., Goldie, I., & Selvik, G. (1989). Kinematics of the Ankle/Foot Complex—Part 2: Pronation and Supination. Foot & Ankle, 9(5), 248–253. https://doi.org/10.1177/107110078900900508

 

 


 


Mai-Linh Dovan M.SC., CAT(C)
Thérapeute du sport agréée
Foundatrice de Rehab-U

 

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